SAINT MARTIAL DE NABIRAT

80 ans de la libération

ALLOCUTION DU 29 SEPTEMBRE 2024
80 ans de la Libération de la France
Mesdames et Messieurs,
Il y a 80 ans, notre commune comme l’ensemble du Pays, était libérée après
des années d’oppression et de privations. Nous nous sommes réunis ici, à
l’initiative du Président de la République qui a souhaité que le cycle
commémoratif 1944 – 1945 soit un temps fort pour la Nation, afin de nous
souvenir ensemble de celles et ceux à qui nous devons notre liberté.
Il aura fallu beaucoup de force et d’obstination pour restaurer la démocratie
locale dans les communes de France. Rappelons-nous que dès septembre
1939, des élus communistes sont suspendus et après l’invasion du 10 mai
1940, un bon nombre de municipalités est dans l’incapacité de fonctionner
en raison de l’exode qui frappe aussi les élus municipaux. Le 12 décembre
1940 est promulguée au Journal officiel la loi du 16 novembre « portant
réorganisation des corps municipaux ». Dans les communes de plus de 2 000
habitants, le Conseil municipal, le maire et les adjoints n’étaient plus élus
mais nommés.
C’est donc un grand mouvement historique qui a permis aux villes et villages
de se libérer en participant à la grande bataille de France.
La Libération est synonyme de joie collective intense. Le général de Gaulle
déclarait à cette époque « Pourquoi voulez-vous que nous dissimulions
l’émotion qui nous étreint tous, hommes et femmes, qui sommes ici, chez
nous, dans Paris debout pour se libérer (…) Non ! Nous ne dissimulerons pas
cette émotion profonde et sacrée. II y a des minutes qui dépassent chacune
de nos propres vies. »
En ce jour de commémoration, rendons hommage à tous ces Français et aux
soldats alliés qui ont participé à la libération de nos communes et qui ont
montré que, face à l’oppression, l’injustice et l’arbitraire, la révolte est un
devoir.
Celles et ceux qui sont là aujourd’hui et qui pour certains d’entre-eux ont
vécu cette époque, ressentent le besoin d’être présents pour témoigner leur
reconnaissance à toutes les femmes et à tous les hommes morts pour la
France et la liberté.
Ils savent que si notre commune a été libérée sans combat et sans perte de
vies, elle n’en a pas moins connu le passage des divisions allemandes
lesquelles commirent des massacres à Cénac, à Domme et à Léobard.
Conformément aux orientations de la Mission Libération, chargée
d’organiser les cérémonies de commémoration prévues en 2024 et 2025 et
de faire le lien avec tous les acteurs impliqués dans le nécessaire travail de
mémoire, nous avons voulu faire de ce jour un jour de fête et de
recueillement.
De la fête d’abord parce qu’il n’existe aucun événement plus extraordinaire
et plus heureux à célébrer que la liberté retrouvée d’un peuple qui en fut
privé pendant plus de quatre ans dans des conditions de grande détresse.
De recueillement et d’émotion partagée, aussi bien sûr, parce que, pour
parvenir à cette liberté, des millions de vies auront été perdues dans les
camps nazis, les centres d’internement, sur les champs de bataille, dans les
prisons de la Gestapo ou sur nos plages lors des débarquements en
Normandie.
Nous sommes donc tous conscients des sacrifices consentis pour libérer la
France du joug de l’occupant. Ce fut une victoire militaire pour la France et
ses alliés, mais aussi une victoire de la France libre et de tous les résistants.
II faut souligner le courage sans limites, la détermination sans faille et
l’amour sincère pour la patrie de ces hommes et ces femmes qui ont tant
contribué à la libération de notre pays.
Chacun doit savoir qu’il y a eu ici, dans notre département, notre canton et
dans notre commune, des femmes et des hommes ne se sont pas résignés à
l’occupation et à la dictature allemandes.
Nous n’ignorons pas que cette époque épique et troublée fut aussi une
période d’excès de toutes parts mais après le nécessaire travail de mémoire,
avec le recul que ces 80 années passées imposent à notre réflexion, grâce au
travail des historiens, nous ne pouvons plus ignorer dans quel camp était le
bien ni celui dans lequel était le mal.
Pour tous les patriotes, la Libération était inséparable de la liberté, la
Résistance incarnait la République retrouvée. Délibérément pour les uns,
sans le savoir pour les autres, des citoyens résistants se sont inscrits dans la
lignée des habitants de notre département, généreux et idéalistes, refusant
l’oppression et l’injustice.
Souvenons-nous toujours que, comme le disait Bertolt Brecht : « Celui qui
combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. » Et que le
vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants.
Rappelons-nous aussi que c’est pendant les heures sombres de l’occupation
que, sous l’égide du Général de Gaulle, 1er de tous les résistants et
Libérateur du Pays, qu’est constitué le Conseil National de la Résistance.
Cet organisme va diriger et coordonner les différents mouvements de
la Résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale,
toutes tendances politiques comprises.
Composé de représentants des mouvements de résistances, des syndicats et
de partis politiques opposés au gouvernement de Vichy, il est mis en place à
la demande du chef du gouvernement de la France libre à Londres. Sa
première réunion clandestine se tient le 27 mai 1943 dans un appartement
à Paris, sous la présidence de Jean Moulin.
Son programme, adopté en mars 1944, prévoit un « plan d’action
immédiat » (c’est-à-dire des actions de résistance), mais aussi des « mesures
à appliquer dès la libération du territoire », et notamment une liste de
réformes sociales et économiques lesquelles ont été mises en place par le
Gouvernement Provisoire de la France et dont certaines perdurent encore
aujourd’hui.
Au regard de cela, et dans le contexte actuel, nous ne pouvons que regretter
que l’esprit d’unité et de progrès qui a guidé les membres du Conseil
National de la Résistance et du Gouvernement Provisoire n’inspire pas plus
nos dirigeants actuels.
Alors, aujourd’hui, demain et toujours, conservons les valeurs de cette
époque glorieuse de la Libération et de nos combattants et résistants
disparus pour qu’ils continuent à vivre à travers nous.
Je tiens à rendre hommage aux associations d’anciens combattants, de
résistants et de déportés pour leur action et leur dévouement ; elles font un
formidable travail de mémoire.
Je tiens à rendre aussi hommage à celles et ceux qui ont résisté ou combattu
pour la liberté. En sacrifiant ou en risquant leur vie, ils nous ont permis
d’être ici présents. Grâce à eux, nous pouvons rendre hommage à notre
pays, cette France dont nous sommes les enfants et à laquelle nous sommes
tant attaché.
Je tiens enfin à remercier celles et ceux qui ont contribué à l’organisation de
cette journée : – Les intervenants de l’association sur les traces du passé pour leur
contribution costumée et motorisée ; – Laurain’B, Alain Laurent, Anthony Hinds pour leurs contributions
artistiques et techniques ; – Les St Martialais qui ont vécu cette Libération et qui nous ont apporté
leurs témoignages ; – Les anciens combattants et porte-drapeaux présents ce jour ; – Les bénévoles du village qui ont confectionné les pâtisseries
périgourdines que nous dégusterons lors du vin d’honneur ; – Les élus et les employés communaux pour l’organisation de cette
manifestation ; – Et vous tous de votre présence.
Fidèles à l’appel du 18 juin 1940, continuons à oeuvrer pour que la Flamme
de la Résistance Française ne s’éteigne jamais.
Vive St Martial de Nabirat.
Vive la République.
Vive la France.
Hervé Ménardie – Maire de St Martial de Nabirat

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