SAINT MARTIAL DE NABIRAT

Hommage à François Pivin

Hommage à François Pivin – 14 septembre 2024
Mesdames et Messieurs,
« Puérils sont les mots, vaine l’écriture, effréné pourtant le désarroi du
cœur ».
J’ai emprunté ces quelques vers à la poétesse Andrée Chédid parce qu’ils
traduisent réellement le sentiment qui est le nôtre depuis lundi soir.
François Pivin est mort.
Et face à ce drame, à cette immense perte, nous ne savons que dire, écrire,
tant notre désarroi est grand.
François Pivin respirait la joie de vivre et incarnait une forme de « force
tranquille ». Sa disparition brutale à un âge relativement jeune nous a tous
choqués.
François n’était pas originaire de St Martial de Nabirat mais il était si bien
intégré à notre village et à sa communauté que c’est bien un des nôtres que
nous accompagnons et saluons une dernière fois.
François est né il y a 53 ans, le 17 avril 1971 en Eure et Loir, à Dreux très
exactement. Il y passera une partie de sa vie. Avec Sandrine, son épouse, ils
y tiendront même un commerce de boulangerie.
Sandrine et lui se connaissaient depuis 37 ans. Un amour de jeunesse qui ne
s’est jamais démenti, qui s’est fortifié au point de s’engager tous les deux en
unissant leurs vies et en fondant une famille.
Deux enfants sont nés de leur union. Jeanne tout d’abord en 1999 et Paul
quelques temps après. Il y a 2 ans, Jeanne les avaient couverts de bonheur
en donnant naissance à un petit Raphaël et en les adoubant pour la
première fois du titre de grands-parents.
C’est à l’occasion de vacances que Sandrine et François découvrent le
Périgord et décident de quitter la région parisienne pour s’y installer, il y a
de cela plus de 20 ans. C’est tout d’abord à Cénac qu’ils vont résider. Puis ils
choisissent la commune de St Martial de Nabirat, notre commune, au lieu
dit « Le Bouygou » pour y construire une maison. Le permis de construire
est déposé en 2005 ; la maison sera construite dans la foulée. Installé en
Périgord, François exercera plusieurs activités professionnelles et
notamment celle de chauffeur pour l’entreprise Delguel de Veyrines de
Domme.
Puis il sera recruté par le SICTOM du Périgord Noir comme ripeur, profession
qu’il exercera jusqu’à sa disparition. Depuis quelques temps, il opérait seul
au volant d’un camion spécialement équipé pour collecter les nouveaux
points d’apports volontaires.
Pour l’avoir vu une fois à la manœuvre, je peux vous assurer que François
maitrisait parfaitement son véhicule et ses équipements. Notre commune
f
igurait dans sa tournée et lundi matin, le voyant passer au volant de son
camion, je l’ai salué de la main sans me douter un instant que je le voyais
vivant pour la dernière fois.
Boulanger, chauffeur, éboueur, François était habitué aux professions
difficiles, physiques, parfois ingrates mais les exerçaient avec des qualités
qui n’étaient pas sans rappeler celles qu’il montrait dans la vie : le sérieux, le
dévouement et surtout une inébranlable bonne humeur.
Installés à St Martial, Sandrine et François se sont rapidement faits
beaucoup d’amis et se sont très vite intéressés à la vie du village. François
n’était pas fait pour rester seul dans son coin. Il aimait la compagnie des
gens et la convivialité ; rendre service était dans sa nature.
C’est donc tout naturellement qu’il décide de se mettre au service de son
village en acceptant de se présenter en 2014 aux élections municipales sur
la liste conduite par Jean-Pierre Coudoumié. Il sera élu au premier tour et
effectuera un premier mandat au cours duquel il siègera dans diverses
commissions : sport, affaires scolaires, urbanisme, assainissement, finances
et ordures ménagères bien évidemment. C’est au cours de ce premier
mandat que la population le découvrira réellement. Cheville ouvrière de
tous les évènements nouvellement institués par la municipalité (fête de la
musique, repas champêtre, journées du patrimoine, salon du livre) il était
non seulement présent mais surtout très actif. Ses qualités humaines, sa
présence sur le terrain et sa personnalité fédératrice lui vaudront d’être
réélu en 2020.
Après sa réélection, et bien que n’appartenant pas au départ à la nouvelle
majorité municipale, il agira toujours avec un esprit constructif et deviendra
très vite un élément apprécié de tous. En septembre 2020, il était un des 3
délégués de la commune choisi pour renouveler les sénateurs de la
Dordogne. Avec Annie Gérardin et lui, nous étions partis ensemble voter à la
Préfecture de Périgueux. Il y a quelques mois, alors qu’un poste d’adjoint
était à pouvoir, il avait fait acte de candidature et avait été élu à une
écrasante majorité. Je lui avais confié les délégations de l’urbanisme et du
suivi des travaux.
Avant son récent départ en congés, je lui avais proposé de compléter ses
délégations en lui confiant la gestion du service technique. Il devait me
confirmer son accord après son retour de congés.
Comme sous le mandat précédent, il était assidu, tant aux réunions de
commissions qu’aux réunions du conseil municipal, donnant son avis sans
détours mais jamais de façon agressive. Il continuait à participer à
l’organisation des évènements qui rythment la vie de la commune. On savait
compter sur lui.
Si je voulais résumer François, je dirais de lui que c’était un homme de
bonne volonté, au sens biblique du terme, semblable aux personnages de
l’ouvrage de Jules Romains. Oui, c’était un homme qui n’avait de cesse de
comprendre, de construire, et d’unir, soucieux d’apporter sa pierre, fût-elle
petite, à l’édifice humain. Sa disparition nous dévaste de chagrin.
François était un homme attachant qui attirait à lui toutes les sympathies.
Il va nous manquer comme vont nous manquer sa joie de vivre, sa bonne
humeur communicative, les milliers de services qu’il savait rendre à tous, sa
présence tout simplement.
Il va manquer au Conseil Municipal dont il était une pièce maitresse, à son
employeur qui perd un de ses meilleurs agents, à ses amis proches, à sa
famille, si aimante, si fusionnelle, cette famille dont il était la clé de voute,
cette famille dont il était légitimement fier, notamment lorsque son fils Paul
remporta en 2021 la médaille d’argent au concours des meilleurs apprentis
de France dans la catégorie « construction d’ensembles chaudronnés ».
Il va nous manquer parce qu’il nous aimait et que nous l’aimions.
Parce qu’il a tant donné. Trop peut-être au point d’avoir vraisemblablement
oublié de penser un peu à lui. Comme l’écrivait Edmond Rostand « Le destin
est railleur ». Lui, l’homme de cœur, a vu son cœur le trahir lundi soir. Lui,
l’ancien boulanger, ne goûtera pas au pain confectionné par Alex, notre
nouveau boulanger qui a ouvert ce matin et qui n’est autre que le frère de la
petite amie de son fils Paul.
Nous garderons de lui le souvenir d’un homme de bien, avec son éternel
sourire malicieux vissé au coin de la bouche.
Nous portons en ce jour le deuil d’un ami.
Au nom de vous tous, j’adresse à ses parents, à son épouse Sandrine, à
Jeanne et Paul ses enfants, à tous ses proches et amis nos condoléances
sincères et attristées.
Hervé Ménardie
Maire de St Martial de Nabirat

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