« Point n’est homme de bien qui oserait prétendre que lui est inconnu le nom des Calvimont. » Etienne de la Boétie
un de nos grands humanistes français, issue de cette noble famille, les Calvimont !
1/ LES CALVIMONT une dynastie périgourdine du Moyen Age à 1900 |
Lorsque vous avez visité les châteaux et églises du Périgord noir, vous avez entendu plus d’une fois le nom de riches seigneurs qui les ont construits ou embellis :
les Calvimont. En longeant la Vézère, on passe par leurs seigneuries de La Roque Saint-Christophe et de Tursac, on admire leurs châteaux de Belcaire et de Campagne et leur maison noble de Reignac, on distingue leurs armoiries dans l’église du Moustier. Ces mêmes armoiries se retrouvent au château de l’Herm, édifié par les Calvimont ainsi que celui de Chabans. La famille posséda encore d’autres propriétés en Périgord, aujourd’hui disparues comme le château de Saint-Martial de Nabirat ou la maison noble de la Labenche à Fleurac
Les différentes branches de Calvimont deviennent de plus en plus influentes, de plus en plus puissantes et redoutées. Elles seront parfois victimes, parfois coupables de crimes multiples (drames autour du château de l’Herm). Quatre Calvimont sont d’ailleurs assassinés dans des litiges entre châteaux.
2/ LES CALVIMONT SAINT MARTIAL |
Le premier de la Branche des CALVIMONT s’installe dans le Village en 1545, et deviendra ainsi JEAN CALVIMONT SEIGNEUR DE SAINT MARTIAL, il rendra hommage pour ses terres en 1572. Son fils prénommé Jean également deviendra SEIGNEUR DE SAINT MARTIAL ET DE LABENCHE, ensuite suivra une lignée de JEAN CALVIMONT CHEVALIER SEIGNEUR DE SAINT MARTIAL qui se succéderont en améliorant le château au début modeste demeure périgordine.
Jean, VI eme du nom, de Calvimont, chevalier de Saint-Martial et de la Labenche, eut commission du Roi, le juillet 1635, pour mettre sur pied un régiment d’infanterie, en qualité de mestre de camp ; rendit hommage pour ses terres le 06 juin 1648. Il avait épousé le 13 juin 1634, Louise d’Almais. Mourut en duel en 1637. Une cloche en son hommage a été alors coulée, elle est toujours dans notre Église (légende 3) avec une autre cloche plus récente
Jean VII sera confirmé dans sa noblesse et deviendra par une ordonnance de 1666 : CHEVALIER BARON DE SAINT MARTIAL. Les Calvimont sont souvent des hommes de guerre et cette même année l’un d’eux et d’ailleurs sous les ordres de d’Artagnan.
Le dernier occupant Jean IX décède en 1749 et sa veuve occupe le château jusqu’à son décès en 1770.
Leur fils devenu JEAN X DE CALVIMONT BARON DE SAINT MARTIAL, COMTE DE SAINT CHAMARANS ne réside plus à Saint Martial et quand les révoltes pré révolutionnaires arrivent dans la région le château n’est plus occupé que par un régisseur.
3/ ST MARTIAL ET LA REVOLUTION FRANCAISE |
Au moment de la Révolution, la fortune des Calvimont en général est considérable, les Calvimont Saint Martial sont riches en biens, mais leur château n’est pas luxueux.
L’abolition des privilèges et des droits féodaux dans la journée du 4 août 1789 ne se concrétise pas dans les provinces et provoque la colère des paysans et du monde rural en général.
En 1790 la misère est immense et provoque disettes et famines, la colère gronde dans les campagnes. Les paysans du Gourdonnais se révoltent et fin 1790 ils se soulèvent (entre 4 et 5 milles) et se regroupent à Gourdon, après des destructions de maisons de notables ils se déplacent et viennent mettre à sac et bruler le château du REPAIRE ils n’ont plus que quelques 4 Kilomètres à parcourir pour le lendemain faire de même avec le château de Saint Martial.
La destruction du château de Saint Martial daterait des 06 ou 07 décembre 1790. Les émeutiers mirent à mal les emblèmes devenus insupportables de la puissante branche seigneuriale des Calvimont de Saint Martial.
Leur prochaine étape était Domme mais l’insurrection se calmera sur intervention du département et du Directoire
4/ LE CHÂTEAU DE SAINT MARTIAL |
Mais alors, à quoi ressemblait le Château du temps de sa splendeur ?
5/ SUR LES TRACES DES VESTIGES |
En se promenant dans notre Village, nous retrouvons les traces de son histoire
Légende 1
Légende 1 : Au-dessus de la porte de l’ancienne chapelle un Blason en assez mauvais état. La dernière restauration a peut-être été fatale aux détails restants ? Juste en dessous une date « 1666 » année de la confirmation de noblesse pour Jean VII, premier Baron de Saint Martial. |
Légende 2 :
Le linteau sur la façade de la maison, située juste en face de la place de la Vierge
Linteau non daté mais orné d’une remarquable frise de fleurs de lys. Porte surement empruntée au château lors de l’amputation de l’aile de bâtiment pour laisser place à la route
Légende 3 :
L’épouse de Jean VI de Calvimont Saint Martial, Louise d’Almais. fit coulée cette cloche en hommage à son époux décédé en duel.
Elle y fit inscrire les noms de Calvimont, et d’Almais ainsi que l’année de son décès 1637
6/ LE TRACÉ DE LA CD 46 en 1889 |
Actuellement, pour qui passe par Saint Martial, ni bâtiment, ni tour n’accroche le regard pouvant évoquer une ancienne demeure noble et encore moins un Château, et pourtant !
En 1889 la traversée de Saint Martial par la CD 46 allait rendre invisibles les restes de son château ?
Pour sortir de Saint Martial en direction de Cahors et Toulouse, les concepteurs trouvaient face à eux la colline du Treil, à sa droite une combe plutôt encaissée descendant vers Grezélou et de l’autre une crête en pente plus accueillante et régulière, mais sur le chemin un château en partie ruiné (au moins la toiture et les planchers s’il a brulé). C’est donc lui qui a été condamné à disparaitre mais seulement en partie.
Dans la voirie comme ailleurs on évite de faire des travaux inutiles. La trajectoire choisie par les architectes pour traverser le Saint Martial, de 1889 peut donc être définie suivant les schémas ci-dessous :
Si cette hypothèse est juste ou presque, elle nous donne une idée des travaux sur le château, il n’a pas été totalement démoli.
Côté route : une grande partie de l’aile qui faisait face à la place aurait été déconstruite ainsi que l’extrémité de l’aile en direction du cimetière, tout cela juste en limite de la route projetée.
Un mur parallèle à la nouvelle rue a été ensuite monté pour fermer les parties tronquées.
La porte avec le linteau fleurdelisé se trouvait juste derrière et a simplement été avancée de 2 ou 3 mètres dans le nouveau mur.
Côté cimetière : la partie arrière de l’aile en direction du cimetière a été totalement déconstruite mais l’empreinte a servi à son remplacement par un hangar en alignement presque parfait, trop parfait pour être un hasard.
La position du Hangar quasi identique à celle de la partie d’aile absente correspond exactement au schéma de 1772, même position, même alignement par rapport au mur du vieux cimetière.
Pour l’aile allant vers la place, la partie restante nous oriente précisément sur sa direction dans le Village, conforme aussi au schéma de 1772
L’ensemble aurait été vendu ensuite par parties et rénové séparément. De nombreux bâtiments alentours semblent avoir bénéficié de récupérations d’éléments déconstruits.
Si cette analyse est juste nous avons tout de même la quasi-certitude qu’une partie importante de l’ancien château est toujours debout, mais caché dans les maisons qui font face à la place de la Vierge.
Sur la photo ci-contre on voit parfaitement l’angle formé par les deux ailes, les murs fermant les blessures aux pignons et façades. On imagine aussi ou était la porte au bandeau, mur en face sous la petite terrasse (voir schéma).
7/ QUE RESTE T’IL DES CALVIMONT SAINT MARTIAL ? |
La dynastie des Calvimont de Saint Martial, a laissé nombre d’empreintes dans différents lieux-dits de notre Commune. Ainsi en se promenant nous pouvons observer d’autres vestiges : un pigeonnier à Leyssalles, un moulin au bord du Céou (moulin grand), un écusson avec un cœur renversé sur des pierres de maison (prémices de La Révolution, révolte des paysans). le Seigneur des lieux était considéré, par nature à cette époque, propriétaire d’une multitude de terres, de fermes, de fours et moulins ici et là.
L’affrontement entre une classe possédante et la colère révolutionnaire devait provoquer de nombreuses dégradations, de nombreuses destructions de bâtisses immenses qui ne correspondaient plus au besoin de ce nouveau peuple sortant du servage au mieux du métayage toujours sous la tutelle du Seigneur.
L’idée de préservation de l’héritage historique passait bien après le besoin de vivre dans des conditions acceptables avec ses propres terres, sa propre maison.
Les bâtiments ruinés servirent de carrières de pierres aux paysans qui n’avaient connu que des logis précaires et désiraient construire leur propre habitation.
Ainsi le château de Saint Martial fut démembré et ses pierres utilisées pour les habitations alentours, ce qui restait debout fut adapté aux besoins et perdit son caractère de château.
Certaines villes dans le Périgord ont voulu conserver une trace, Saint Martial a peut-être trop souffert pour cela et nous en avons une nostalgie.
Grâce à un brave arpenteur qui nous laissa ces schémas providentiels nous avons pu retrouver sa trace. Trace bien mince mais trace tout de même ainsi le passé revit un peu.
Mais grâce aussi à Francis Guichard ancien instituteur de saint Martial qui a protégé et retransmis ces documents avec ses propres recherches et annotations, MERCI à lui !
Voir aussi le document récapitulatif de la dynastie des Calvimont Saint Martial